voici le compte-rendu d'une rapide escapade à Prague en décembre dernier (2013).
Samedi 07
09H00, on passe le coin de la rue et on quitte notre domicile normand. Le soir même nous nous rendons à Dijon pour assister à une représentation théâtrale dans laquelle un des trois rôles est joué par notre ami Philippe. La soirée se prolonge en after autour d’un buffet presque improvisé qui réunit avec succès quelques spectateurs restés avec l’équipe du théâtre pour fêter la dernière.
Dimanche 08
Le lendemain matin, un beau soleil pénètre dans la maison de nos amis et tente de relever la température descendue au-dessous de -3°C durant une nuit qui fut claire et constellée d’étoiles. A 17H25, le TGV emmène ma fille et ma compagne vers Paris puis Rouen, tandis que je continue seul vers l’est.
Il fait déjà nuit et je me rends à Ronchamp, sur le site de la chapelle de Le Corbusier que j’avais visité il y a bien longtemps. J’arrive vers 20H00 et je croise en montant la colline le dernier employé qui quitte les lieux. Je me rends à Plancher-les-Mines, située à 20 minutes de là. C’est l’endroit où j’ai passé un de mes stages étudiant, dans le fond d’une vallée perdue. Je ne reconnais pas vraiment les lieux qui ont changé. L’usine de fabrication de vis n’existe plus et les bâtiments semblent avoir été détruits. Je grimpe la route jusqu’au fond de la vallée. Le restaurant pourtant indiqué ouvert été et hiver est fermé, et la station de ski attend l’arrivée de la vraie neige. Je redescends et je rejoins Ronchamp par une toute petite route transformée en piste par la neige tassée qui la recouvre sur plus de dix kilomètres.
Je m’installe sur le parking un peu pentu de la Chapelle de Ronchamp. Il fait -1°C. En l’espace d’un quart d’heure, la température intérieure dépasse les 12°C. A 17.5°C j’arrête le chauffage et me couche pour une nuit parfaitement calme.
Lundi 09
C’est le camion des éboueurs qui me réveille (un peu tôt…!). Dehors il fait -2°C. Dedans il ne fait plus que 3°C… Je me rendors jusqu’à 08H00, avec la lumière du soleil. Un petit coup de chauffage avant d’émerger de la couette chaude, et la journée commence par une toilette de chat et un café. Près de l’entrée du complexe religieux, un taxi dépose deux jeunes femmes qui sont un peu en avance sur l’horaire et attendent l’ouverture de la billetterie. Elles ont tout de même prévu la fraîcheur du matin et sont chaudement vêtues. Peut-être un café frais et chaud leur ferait-il plaisir… ?
Les portes s’ouvrent et je les rejoins pour débuter la visite de la Chapelle construite en 1955 par Le Corbusier sur cette colline qui domine le village de Ronchamp. Je la connaissais déjà pour l’avoir visité il y a plus de trente ans lorsque j’étais étudiant à Belfort. Mais les lieux alentours ont bien changé depuis cette époque lointaine. La chapelle qui était en accès libre est devenue un monument protégé et d’accès payant. La billetterie, ainsi qu’un monastère ont été ajoutés en 2011. Ce sont des bâtiments conçus par Renzo Piano, dont j’ignorais l’existence, mais qui revisitent intelligemment l’esprit de Le Corbusier (le béton brut, ici banché dans des moules métalliques alors que le maître utilisait des moules en planches de bois qui imprimaient leurs veines dans le matériau durci). Le monastère ne se visite pas car il est habité par des religieuses que l’on aperçoit s’affairer à des travaux textiles derrière les baies vitrées. Le bâtiment est presque entièrement souterrain, et réalisé en béton avec des structures externes en acier galvanisé. Pour ce qui est de la Chapelle proprement dite, l’espace intérieur est plus petit que ne pouvait laisser penser le majestueux édifice. Je découvre, contrairement à ce que je pensais, que seule la voute du toit est en béton moulé. Les murs qui le supportent sont en maçonnerie de pierre conventionnelle. L’ensemble est couvert d’un ciment projeté puis peint qui donne l’unité. Le béton est, bien sûr, brut de décoffrage, comme une signature de Le Corbusier. Une heure plus tard, alors que les visiteurs commencent à arriver en nombre, je pars vers ma prochaine étape, avec une halte à la sortie de Belfort dans un hypermarché pour quelques courses alimentaires.
J’arrive à Weil-am-Rhein, située en banlieue nord allemande de Bâle, juste en face de Saint-Louis que seul le Rhin sépare. Là est située l’usine Vitra, ainsi que le célèbre musée Vitra et le show-room, la fameuse Vitra Haus. Vitra est un éditeur de mobilier spécialisé dans les chaises et fauteuils.
L’entreprise produit des créations contemporaines, mais est également réputée pour ses rééditions de meubles anciens internationalement reconnus. Le show-room est un endroit d’exposition des produits Vitra, et également un magasin où l’on peut acheter les meubles présentés en situation. Une sorte d’IKEA très haut de gamme… Le lieu est très étonnant. Il s’agit d’un empilage de blocs. Là aussi les volumes intérieurs sont très différents de ce que l’architecture laisse présager. Pour ce qui est des produits, beaucoup font envie, mais on n’est pas chez le distributeur de meubles suédois…
Je regrette de n’avoir pas pu voir la fameuse caserne de pompier, une des toutes premières réalisations de l’architecte d’origine iranienne Zaha Hadid.
Le soleil commence à plonger derrière les arbres, et je reprends la route à la nuit tombante vers Stein-am-Rhein. Je remonte le Rhin en suivant sa rive droite, la rive allemande donc. En fait la Suisse possède quelques territoires enclavés au nord du Rhin, ce qui fait que je passe de nombreuses fois d’Allemagne en Suisse, et inversement, au cours du trajet de deux longues heures. Plus je progresse vers l’est, et plus la température moyenne semble descendre. Les températures sont désormais négatives dès que le soleil est caché, alors que la journée est baignée d’un frais soleil d’environ 8°C. Je m’arrête à Moos, côté allemand de la frontière, pour profiter d’une halte dans un hôtel où je pourrai bénéficier d’une douche et du confort dû à mon âge avancé…