Partis sur une première idée d'un week-end à Barcelone, un éclair de lucidité nous a frappé deux jours avant le départ : Barcelone, un 15 août ? Mais ça va pas non ?

Alors vite, on cherche une alternative... On prend la météo sur le Pays basque et l'Aragon : orages prévus.

C'est le haut lieu de la Catalogne, dans tous les sens du terme. D'abord parce que c'est la seule montagne du coin (en oubliant les Pyrénées bien sûr), et c'est un peu la "Patronne" des Catalans. Allez, zou, c'est parti !
"Montserrat", en catalan, ça veut dire "la montagne en dent de scie". Et c'est vrai que lorsqu'on approche, on voit une gigantesque muraille qui barre l'horizon, avec une multitude d'arêtes sur le sommet, comme si la montagne avait reçu des coups de scie. C'est très beau, et très impressionnant surtout quand on a décidé de monter tout là-haut ! AU flanc de cette montagne, il y a un immense monastère, le "Monestir de Montserrat", qui sera le point de départ de notre randonnée.
Autant le dire tout de suite, ce monastère est mondialement connu (non, ne vous en faites pas, moi non plus je ne connaissais pas avant !), et donc énormément fréquenté, à fortiori un 15 août, fête de la Vierge, et une semaine avant les JMJ qui se tiennent à Madrid ! Ce n'est donc pas un ermitage perdu dans le calme de la montagne, comme il y en a tant en Espagne, mais plutôt le style Mont St Michel avec tout ce que ça comporte comme désagréments ! Mais comme le but n'était pas de visiter, on a vite réussi à s'éloigner de la foule pour se retrouver en pleine nature.
Et là, mes amis...


L'idée : Monter jusqu'au monastère en voiture, par une belle route toute en virages, la laisser sur le parking (5,50 € la journée) puis rejoindre le sommet de la montagne près de l'ermitage de Sant Jeroni à 1236 mètres, soir environ 500 mètres de dénivelé pour 2h00 à 2h30 de montée. Rien de bien méchant. Mais d'abord, comme nous arrivons sur place en fin de journée, il faut trouver un coin pour bivouaquer. Une piste repérée sur Google Earth nous conduit sur une petite colline où nous trouvons un coin fabuleux pour se poser, avec vue sur la montagne que nous allons gravir demain.

Si vous y allez, ne cherchez pas ailleurs, c'est certainement le meilleur endroit pour passer la nuit. L'entrée de la piste se trouve dans le village de Monistrol de Montserrat, coordonnées Google Earth 41°36,662'N - 1°50,922E. Le bivouac se trouve en 41°36,562'N - 1°51,421'E. Nous sommes sur un GR, et ce sentier est fréquenté par les gens du village qui font leur promenade digestive, mais nous avons vu très peu de monde et les rares promeneur ont été très discrets. Nous avons quand même discuté avec quelques-uns qui trouvaient génial ce truc sur la voiture (comme d'hab', quoi !). Si vraiment vous êtes allergiques aux autochtones il y a un coin plus tranquille plus bas, à l'écart de la piste, en 41°36,524'N - 1°51,372'E. L'entrée du sentier est évidente (le GR est indiqué en très gros !) jusqu'à un établissement de santé. Là on dirait que la piste s'arrête, mais il suffit de longer les bâtiments en continuant tout droit. Il y a quelques trous au départ et un virage en montée un peu raviné qui nécessite un passage en courte, mais après c'est très roulant jusqu'en haut, sans problème. C'est même amusant mais bon, depuis le temps vous savez que j'aime bien passer dans les trous !
Le lendemain, montée au monastère par une belle route en virages. Il y a 10 kilomètres à faire entre le bivouac et le monastère, et des tas d'occasions de s'arrêter pour faire des photos de la montagne qui se révèle différente à chaque virage.

Et on arrive au monastère. On est donc rapidement dans l'ambiance... Je vous laisse juger par la photo prise à 8h30 du matin :

On se dépêche donc de fendre la foule afin de trouver le départ du sentier, pas facile du tout à repérer. Il faut en fait aller tout au fond des bâtiments, c'est à dire toujours tout droit depuis l'entrée, et prendre les escaliers qu'on voit sur la photo ci-dessous :

Et là commence l'ascension... Les escaliers vont rapidement se rétrécir, les marches devenir assez irrégulières, et on grimpe dans la montagne au milieu d'une végétation typiquement méditerranéenne.

"L'escalier" dure assez longtemps, passant le plus souvent entre les murailles de roche.

Puis il va se transformer en sentier de terre, tantôt en sous-bois, tantôt en belvédère, mais toujours agréable (et toujours en montée !


Cette roche est appelée "poudingue", c'est un amas de galets agglomérés dans un sable très dur, vestige du fond de la mer qui occupait l'endroit autrefois.

Et dans la montée, n'oubliez pas de vous retourner pour admirer de haut le monastère, et éventuellement pour souffler un peu. On n'a plus vingt ans, et les escaliers ça casse plus les pattes qu'une montée sur sentier !


Enfin arrivés au sommet avec les trois quarts des poumons abandonnés dans la montée, on touche avec fierté la grosse table d'orientation en acier inox taillée dans la masse en éructant dans un abominable râle : "Putain, plus jamais ça !". On admire avec tendresse la petite crèche (en inox aussi) qui contient deux autres petites crèches, puis on s'écroule.

Bien sûr je plaisante (quoique...), comme toujours dans ce genre de "sport", on ne regrette pas d'être venu ! La vue est splendide, sur 360°, de la Catalogne environnante. Par temps clair on voit très bien Barcelone, à 40 km de là, et la Méditerranée. Bon, nous on n'a pas vu, trop de brume !

On reprend gentiment son souffle en méditant sur le sens de la vie ou sur le repas du soir, au choix.

Et puis on se dit que bon, finalement c'était bien, et qu'on vient de tout en bas, là-bas, et qu'on n'est pas si vieux que ça quand même !

Puis on redescend par où on est montés. Parce que je vous ai pas dit : les derniers mètres de dénivelé se font aussi par des escaliers bien raides, histoire d'achever les plus fanfarons !

Le retour peut s'effectuer par le même itinéraire que la montée, si vous avez vraiment envie de vous retaper 1254 marches en descente (environ, hein, j'ai pas compté !). Sinon, il y a une bifurcation 15 minutes après le sommet qui vous ramène en bas par un large sentier, presque une autoroute, que vous pouvez même abréger par une descente en téléférique qui vous fera gagner 40 minutes de marche. Mais en descente c'est que du plaisir, n'est-ce-pas ?

A l'arrivée, une petite visite rapide de la basilique du monastère ou nous avons trouvé le tombeau de Stone (sans Charden) :

Puis retour au bivouac, même endroit (Yessss ! On repasse dans les trous !


D'ailleurs, on fera le plein d'herbes pour la cuisine. Attention : Prélèvement soigneux, branches coupées au ciseaux sans abimer le pied du thym, et pour le romarin uniquement les pousses les plus hautes, sur 20 centimètres maxi !
Et comme à l'accoutumée, si vous voulez les traces du périple, suffit de demander. Je vous propose la trace de la rando et celle du sentier qui mène du village au bivouac (la piste avec les trous

Pour le reste, tapez "Montserrat" dans Google, vous aurez des tonnes de renseignements et aussi de jolies photos, plus belles que les miennes. Mais on ne peut pas tout faire : photographier ou essayer de survivre en cherchant un peu d'air à respirer !
Patrice