Casa Trotter

Voici un petit compte-rendu, au jour le jour, de notre escapade italienne de cet été.

Dimanche 14 juillet 2013 – Départ de Rouen

« La musique qui marche au pas, cela ne nous regarde pas »
Nous préférons partir pendant le défilé, pour passer l’après-midi au soleil du Gâtinais.
Cette année, deux exceptions se conjuguent pour ce nouveau voyage estival : la durée d’abord car c’est la première fois que nous cumulons quatre semaines consécutives (dans le but initial d’une destination plus lointaine qui a finalement été modifiée pour plusieurs raisons), et le fait que nous partions à nouveau tous les quatre ensemble, nos deux enfants, ma compagne et moi-même, ce qui ne devait normalement plus arriver depuis la Norvège en 2010 où notre fils bientôt majeur à l'époque avait fait un bout de chemin avec nous.

Lundi

Ce matin, nous avons une longue route à parcourir, jusqu’à Corbières. Il nous faudra près de dix heures pour arriver enfin dans le village provençal inondé des crissements stridents des cigales excitées par la chaleur. Un délicieux repas mitonné depuis la veille nous accueille sur la terrasse ombragée et se termine par un délicieux bavarois. La soirée se conclue tôt afin de laisser un temps de sommeil raisonnable à nos hôtes qui doivent se lever tôt le lendemain.

Mardi

Après un rapide petit-déjeuner nous quittons le village par de petites routes, pour finalement rejoindre l’autoroute qui nous mènera jusqu’à Gênes en moins de six heures.
Au port, notre fils qui n’était pas prévu lors de la réservation des billets quelques semaines plus tôt s’enquiert d’un ticket pour pouvoir nous accompagner en Sicile, puis l’interminable attente débute avant de pouvoir enfin embarquer sur le navire. La chaleur est intense, bien qu’inférieure aux 37°C rencontrés près de Cavaillon dans la vallée du Rhône hier.
Au moment où le ferry appareille, peu après 21H00, nous dégustons deux (quelconques) bières fraîches sur le pont puis nous installons pour la nuit.

Bonjour Francis,


Chouette nous allons un nouveau compte rendu de voyage

A très bientôt pour découvrir la suite

Bernard

Chic !

Mercredi 17 juillet - Sicile

Au réveil d’une nuit confortable (pour ceux qui ont pu la passer dans un lit, en tous cas, car le fiston était couché sur la sol de notre cabine de seulement trois lits…), nous débutons cette journée sur la Méditerranée par un petit-déjeuner décevant par rapport à nos attentes, puis consacrons le reste de notre temps au farniente sur le pont, à proximité de la bruyante piscine bondée.
Arrivés à Palerme à l’heure prévue, nous pouvons expérimenter le style de conduite sicilien, une sorte de summum de ce que l’on connait en Italie. La signalétique routière semble n’être ici qu’un décor sans utilité, et le seul accessoire indispensable sur un véhicule est le klaxon.
Nous quittons assez vite la capitale régionale pour nous diriger vers l’est le long de la côte tyrrhénienne. Nous trouvons un camping près de Cefalu pour notre première pose sicilienne : terrain ombragé avec vue sur la mer et accès à la plage, mais sol en béton ! A vingt cinq mètres une piscine accueille les amateurs qui se réjouissent. Un petit carré de terre damée permet de planter la tente, mais Hugo, en pleine nuit, attaqué par les fourmis qu’il avait dérangé, continuera sa nuit dans le hamac.



Jeudi

La chaleur s’installe rapidement. Il fait déjà plus de 22°C lorsque nous prenons notre premier petit-déjeuner sur la terre de Sicile, depuis notre terrasse surplombant la mer Méditerranée.
Nous continuons vers l’est jusqu’à Milazzo, en évitant l’autoroute ce qui limite notre vitesse à moins de 50 Km/H de moyenne sur cette petite route sinueuse qui suit le littoral (et aussi la voie ferrée...). Milazzo est le port de départ des bateaux vers les îles Eoliennes. Nous organisons notre déplacement et notre séjour sur l’île de Stromboli prévu demain. Ce soir, nous nous contenterons du triste terrain de camping situé à l’extrémité de la presqu’île, au Capo di Milazzo.

Bonsoir,
ça y est nous sommes dans l'ambiance, le décor est planté, bientôt l'Ile Stromboli,
Euro6 Rosselini derrière la caméra va nous narrer son voyage, à quand Ingrid Bergman ...
je m'égare un peu, mais j'attends avec impatience la suite.
@+

Gilles a tout bien dit ! On est bien calés dans nos fauteuils pour suivre l'aventure !

Vendredi

Levés très tôt, nous quittons le camp pour d’abord déposer la voiture dans un parking gardé de Milazzo. La navette brinquebalante nous conduit ensuite jusqu’au port où nous embarquons sur la vedette rapide pour les îles éoliennes. Une petite centaine de passagers emprunte ce navire matinal. Dès la sortie du port, le moteur accélère son régime et la coque se lève hors de l’eau pour ne reposer que sur ses hydrofoils qui permettent d’atteindre une vitesse de croisière bien plus élevée que celle d’un navire conventionnel. Ce parcours nous fait nous arrêter successivement à chacune des îles : Vulcano, Lipari, Salina, Panaréa, puis enfin Stromboli où nous débarquons après près de trois heures de voyage confortable sur une mer d’huile.
Dès la descente, nous allons confirmer notre inscription à l’organisme d’excursion MagmaTrek et nous complétons notre équipement par deux lampes frontales louées chez le voisin. Nous prenons ensuite possession de notre chambre réservée la veille à la pension Acquilone. L’après-midi sera tranquille afin d’être parfaitement reposé pour l’excursion du soir. Sieste impérative pour tout le monde durant les heures chaudes (32°C).
A 17H30 nous rejoignons le lieu de départ, entièrement équipés pour la balade : chaussures de marche montantes, lampe frontale, couvre-chef, T-shirt de rechange, pantalon, polaire, coupe-vent, boissons (2 litres par personne), repas. Ce soir, quatre groupes d’environ vingt personnes sont constitués. Nous sommes intégrés dans un groupe de français et notre guide s’appelle Marco (le plus sexy des quatre, d’après les deux membres féminins de notre petite famille). Les quatre groupes partent en se décalant d’environ un quart d’heure. Nous sommes les derniers à attaquer l’ascension, et nous comprendrons plus tard que c’est très bien ainsi. Le sommet culmine à 918 mètres et nous partons d’environ 100 m d’altitude, soit plus de 800 mètres de dénivelé à faire en deux heures et demie environ.
La procession démarre en file indienne sur un sentier étroit à pente constante (« la route est droite mais la pente est rude » disait quelqu’un…). La première heure se passe sous le soleil encore chaud de fin d’après-midi, puis nous passons à l’ombre du cône volcanique, sortons de la limite de végétation et gravissons ensuite une sente tracée parmi les roches volcaniques, jusqu’à un premier palier à 850 mètres.



Malheureusement, l’humidité de l’air a créé un nuage juste positionné à cet endroit, et nous ne pourrons rien discerner dans la brume de gouttelettes froides, seulement percevoir une explosion dans le noir de la nuit qui vient de tomber. Nous profitons de cette pause dans l’escalade pour nous équiper chaudement, coiffer le casque de spéléologue censé nous protéger d’éventuelles chutes, reconstituer chacun son énergie par quelques grignotages, et patientons jusqu’à ce que le nuage daigne se déplacer. Soudain, une trouée nous permet d’entrapercevoir la bouche rougeoyante située à quelques dizaines de mètres en contrebas. Et là, enfin, une première éruption nous est offerte qui envoie une gerbe de lave en fusion et projette des pierres incandescentes qui dévalent la pente vers la mer. Le nuage se reforme et nous ne verrons rien de plus probant.
Après cette pause réparatrice, quoique frustrante, désormais protégés du froid et du vent, rassasiés de quelques calories bienvenues, nous continuons la marche jusqu’au sommet proche. Là, le ciel s’est soudain dégagé et nous a libéré la vue directe sur les trois cratères rougeoyant dans la nuit dont deux sont régulièrement actifs. Au centre, une petite bouche circulaire est éclairée de l’intérieur par une intense lueur rouge mais ne projette rien vers l’extérieur. A droite, une faille d’où est sortie l’éruption vue plus tôt. Sur la gauche enfin, un cratère très actif qui expulse au rythme régulier d’environ dix minutes une gerbe impressionnante de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, peut-être plus de cent mètres compte-tenu de notre position relative située à environ 150 m en surplomb.
Les explosions se succèdent et nous offrent un spectacle grandiose et très émouvant. Nous sommes tous assis sur le rebord d’un ancien cratère, sur un sol constitué de gravier de lave encore chaude. En grattant un peu la surface du sol, on ressent nettement une chaleur de plus de 40°C estimés.
Subjugués par la sauvage beauté de cette nature indomptable, nous ne pouvons nous résoudre à quitter ces lieux magiques. Chaque nouvelle éruption est différente de la précédente. Pourtant on retrouve à chaque fois le même enchaînement de phénomènes qui se succèdent. D’abord un grondement sourd, plus ou moins audible selon la direction du vent, précède de peu l’explosion qui projette très violemment une quantité variable de magma hors du puits, à une hauteur variable, elle aussi, comprise entre 50 m et 100 m estimés. La matière en fusion retombe sur les pentes du cône en créant un immense tapis de pierres rougeoyantes qui se solidifient instantanément et dévalent les parois en s’ajoutant aux précédentes. Aussitôt après cette projection solide, une immense flamme de gaz d’une température visiblement très élevée, telle la tuyère d’un réacteur d’avion de chasse, jaillit de la bouche de feu. L’environnement redevient ensuite calme, silencieux et sombre, juste animé par la lueur rougeâtre que l’on perçoit au fond des trois bouches ouvertes. Le cycle est terminé et un nouveau se prépare suivant une fréquence assez régulière estimée à 10 ou 12 minutes.
Il s’agit d’un processus similaire à celui que l’on avait pu admirer en Islande et qui concerne les geysers. La pression créée par les gaz monte régulièrement jusqu’à être capable de soulever le bouchon (d’eau dans le cas du geyser, de lave en fusion dans le cas du volcan) qui obstrue la sortie du puits et à le projeter vers l’extérieur avec une énergie énorme. Puis la pression interne étant redescendue, un nouveau bouchon se forme, pendant qu’en surface l’activité se calme, le silence et la nuit reviennent, jusqu’à l’éruption suivante.

Extraordinaire !



Chaque explosion nous plonge dans l’émerveillement. On ressent profondément la "respiration" de notre planète, la vie intérieure qui l’anime et qu’on ne perçoit pas ailleurs que dans ces lieux où le magma du cœur de notre terre s’échappe à travers une plaie sanguinolente.
Après chaque gerbe de feu, nous ne souhaitons qu’attendre la suivante et pouvoir renouveler ce plaisir jusque là inconnu, et cette émotion primitive qui nous rend si petit et si humble, si proche de la terre mais aussi si proche des ancêtres et des premiers hominidés qui ont pu découvrir comme nous cet étrange joie mêlée d’angoisse.

Difficile de se détacher de ces images magnétiques et de redescendre du sommet quand on a fait l’effort physique de se trouver là pour profiter du spectacle. Au bout d’une heure et demie, soit une dizaine d’éruptions, nous avons finalement du entreprendre la marche de retour. Dans la nuit noire, éclairé chacun par le halo de notre lampe frontale, nous redescendons en ligne le long du cône de déjection, dans une épaisse couche de cendre noire et souple qui freine notre progression comme de la neige. Le masque mis en place au sommet avant la descente nous protège tant bien que mal de la poussière dégagée par nos pas dans la cendre tout au long du trajet de retour à la base.
A minuit nous sommes de retour au camp de départ, la tête emplie d’images incroyables.
Le temps de se restaurer d’une part de pizza et d’une bière sous la tonnelle avant que le restaurant ne ferme, nous sommes allés nous coucher, fatigués mais heureux !

C'est presque voyage au centre de la terre ! Ce devait être impressionnant cette expédition ! Ça doit en effet laisser de sacrés souvenirs.

Bonsoir Francis,


J'imagine qu'un tel spectacle doit être envoutant et qu'on ait envie de voir la prochaine éruption sans se lasser, ça vaut largement des feux d'artifice. Vous avez du en rêver.

Bonne soirée

Bernard

Bonsoir,

oui Jaclim, ce sont des souvenirs très forts. Cela faisait longtemps que je voulais absolument voir ce phénomène naturel, et puis l'occasion s'est présentée cette année alors que nous avions prévu d'aller en Turquie. Désormais, j'aimerais bien voir d'autres volcans actifs et je pense que cela deviendra un nouveau but de voyages dans le futur.
Quand tu évoques "Voyage au centre de la terre", tu ne crois pas si bien dire, à moins que ton propos ne fut intentionnel, mais Jules Verne à fait débuter son roman d'anticipation par une descente dans le puits du Volcan Snaefellfelness à l'ouest de l'Islande, et a imaginé la sortie des aventuriers par la bouche du Stromboli !
Pour les photos, la qualité de notre matériel et nos compétences dans le domaine n'était pas suffisantes pour pouvoir ramener des images intéressantes à partager.
Je ne peux que vous engager à faire cette randonnée qui imprimera des images magiques dans vos souvenirs.

Superbe récit.

Ca donne envie d'y aller, mais ... en serais-je encore capable ???

Jean-Lau

euro6 a écrit : ... Quand tu évoques "Voyage au centre de la terre", tu ne crois pas si bien dire, à moins que ton propos ne fut intentionnel ...

Eh oui, comment ne pas penser à Jules Verne ?! Je n'ai pas lu ce roman-là, mais j'en connais grosso modo le déroulement. J'ai dû aussi voir le film, mais pas la dernière version. Moi, c'est celle avec James Mason, qui n'est pas d'hier.
Je comprends la fascination provoquée par cette volcanique rencontre !
Alors le prochain, le Nyiragongo ou l'Erebus ?

Bonne soirée et merci de nous faire rêver !

Bonsoir,
Superbe expérience , effectivement ça donne envie d'y aller !
j'ai justement un projet de voyage en Éthiopie, et je crois que je vais pousser jusqu'au volcan Erta Ale !
si tu as quelques photos supplémentaires, même pas terribles , tu peux les montrer, c'est pas grave , ce sont des documents , l’aspect esthétique passe après !
a+ Dominique

Rassures-toi, Jean-Lau, la difficulté de la randonnée n'est pas extrême !
La motivation est un moteur endurant...
Moi qui ne suis pas un randonneur de course, mais juste un marcheur plaisir, je n'ai pas eu à souffrir de cette grimpette. Il ne s'agit en aucun cas d'escalade, mais juste d'une marche à pente constante. Le fait d'être intégré à un petit groupe mené par un guide expérimenté rend également les choses plus faciles. Marco a bien géré le groupe, en freinant l'ardeur des plus jeunes et des sportifs, et en ménageant des pauses régulières toutes des 20 à 30 mn pour garder une troupe homogène. Nous étions le dernier des quatre groupes, donc sans pression des suivants, et surtout avec la possibilité de rester plus longtemps que les autres groupes au sommet. A environ mi-chemin, il est offert la possibilité à ceux qui le souhaitent de redescendre avec un cinquième guide. Parmi la vingtaine de personnes de notre groupe, une seule personne a décidé d'abandonner à ce palier et de rentrer, la mort dans l'âme. Ce fut son choix propre, pensant elle-même qu'elle allait peut-être retarder le groupe, mais je ne suis pas certain qu'elle n'aurait finalement pas pu atteindre le but.

Une belle et bonne organisation !

Jaclim a écrit :Alors le prochain, le Nyiragongo

Eh oui, Jaclim, comment ne pas rêver d'une excursion sur cet incroyable lac de lave...!?
Mais là, l'accès est plus problématique, et ce serait d'une véritable expédition scientifique dont il faudrait pouvoir faire partie.

euro6 a écrit :Rassures-toi, Jean-Lau, la difficulté de la randonnée n'est pas extrême !
La motivation est un moteur endurant...
Moi qui ne suis pas un randonneur de course, mais juste un marcheur plaisir, je n'ai pas eu à souffrir de cette grimpette. Il ne s'agit en aucun cas d'escalade, mais juste d'une marche à pente constante. Le fait d'être intégré à un petit groupe mené par un guide expérimenté rend également les choses plus faciles. Marco a bien géré le groupe, en freinant l'ardeur des plus jeunes et des sportifs, et en ménageant des pauses régulières toutes des 20 à 30 mn pour garder une troupe homogène. Nous étions le dernier des quatre groupes, donc sans pression des suivants, et surtout avec la possibilité de rester plus longtemps que les autres groupes au sommet. A environ mi-chemin, il est offert la possibilité à ceux qui le souhaitent de redescendre avec un cinquième guide. Parmi la vingtaine de personnes de notre groupe, une seule personne a décidé d'abandonner à ce palier et de rentrer, la mort dans l'âme. Ce fut son choix propre, pensant elle-même qu'elle allait peut-être retarder le groupe, mais je ne suis pas certain qu'elle n'aurait finalement pas pu atteindre le but.

Merci pour cet encouragement. J'ai fait de la haute montagne pendant longtemps puis les genoux s'en sont mélés et dernièrement le coeur en a rajouté une couche. Je suis vite "limité" dans les efforts.

Mais ... ????????????? qui sait ?????

Jean-Lau

Samedi

Ce matin, la pension Acquilone nous prépare un délicieux petit-déjeuner complet sur la terrasse, à l’ombre d’une tonnelle derrière laquelle on devine le profil du volcan gravit hier soir et couvert ce matin d’un nuage accroché à son sommet. Les plus courageux se baignent sur la plage de « sable » noir, puis nous reprenons le bateau express pour effectuer le trajet inverse de la veille, et récupérer notre voiture stationnée à Milazzo.

Nous quittons la côte tyrrhénienne pour nous enfoncer à l’intérieur des terres vers le sud. La petite route serpente dans la montagne en s’élevant parmi des paysages sauvages à la végétation sèche sur des terres arides. Après avoir passé un col d’altitude, nous redescendons dans la vallée de l’Alcantara à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Près de Francaville, nous remontons le lit d’une rivière asséchée jusqu’à un champ d’oliviers qui sera parfait pour un bivouac tranquille, parmi les lauriers fleurs et les cactus. Une fois les guêpes acclimatées à notre présence, nous pouvons nous installer pour une soirée agréable sous une lune presque pleine.

Jaclim a écrit :... Alors le prochain, le Nyiragongo...?

J'ai vécu "au pied" (bon... à 20km) du Nyaragongo pendant 2 ans.

Périodiquement, des petits volcans se créent sur ses flancs et aux alentours.

J'ai pu aller voir un "bébé" volcan (de 2 semaines) qui avait commencé en pleine forêt.

Après une marche de 3 heures, on a passé une nuit à "dormir" tout près...

Très spectaculaire et impressionnant de sentir la terre "vibrer, respirer", cracher des laves et des scories et de voir la lave se répandre dans la forêt calcinée depuis un cône qui avait déjà environ 80 mètres de haut ...

Dimanche

La montagne ne nous protège du soleil matinal que jusque vers 07H00. Nous installons le petit-déjeuner et la cabine de douche pour préparer une nouvelle journée de balade dans la campagne sicilienne. Nous quittons le parc de l’Alcantara pour nous diriger vers la Montagne. C’est ainsi que les siciliens nomment le volcan Etna. De petites routes en pistes très étroites (et très agressives pour la carrosserie !) nous finissons par rejoindre Piazza Provenzana, la zone de départ nord des excursions pour l’Etna.



Pas de chance, la grande excursion pédestre jusqu’au sommet, étalée sur une journée entière, ne peut se faire que le vendredi et le mercredi. Nous décidons d’opter pour la ballade basique de deux heures avec convoyage en bus jusqu’à l’observatoire seulement.



Trois bus 4x4 charriant chacun une trentaine de touristes circulent sur une piste tracée au beau milieu des incroyables champs de lave noire déversée lors des grandes éruptions de 2002 et 1987.



Une première halte, trop rapide, permet de jeter un œil aux cratères de l’éruption de 2002, puis nous continuons la piste jusqu’à l’altitude de 2900 m pour passer quelques minutes devant les cratères historiques et le cône sommital culminant à 3350 m. C’est à partir de ce point que l’excursion « totale » commence : d’abord l’ascension du sommet sur seulement 450 m (moitié moins que le dénivelé de la marche d’accès au sommet du Stromboli), puis ensuite une redescente à pied sur le cône de déjection jusqu’au camp de départ situé à environ 2000 m. Pour nous, rien de tout cela, mais juste le retour en camion sur le chemin par lequel nous sommes arrivés ! Tout cela est quelque peu déceptif…
Le lieu reste extraordinaire, beaucoup plus étendu que le Stromboli bien sûr, plus de 3,5 fois plus élevé, mais rendu beaucoup plus accessible au business touristique qui privilégie le gain d’argent facile à l’émotion. Dommage…

Nous quittons cet énorme volcan au moment où un nuage épais s’installe à son sommet, et obliquons vers l’ouest, vers la région centrale de l’île. Une première tentative infructueuse nous conduit ensuite à un lieu de bivouac de rêve sur les berges du lac Pozillo.



Une immense étendue herbeuse servant de pâturage aux troupeaux de vaches et de brebis, visitée par quelques chevaux libres, borde le lac entouré de montagnes douces, avec en second plan la silhouette de l’Etna majestueux.
Parfait !

Bonjour Francis,


C'est sûr que la montée à l'Etna est moins authentique que celle du Stromboli, mais s'il n'y avait pas ces bus 4x4, beaucoup de gens seraient rebutés d'entamer cette ascension et n'iraient pas au sommet. C'est certes du business, mais ça doit faire travailler tout de même quelques personnes. En tout cas votre bivouac proche de ce lac est effectivement superbe.

Bonne soirée

Bernard

Merci Francis pour ce début de récit que je découvre en attendant mon avion pour Bangkok .
Les volcans sont un domaine très passionnants

Vivement la suite

Bonjour,

je constate que l'appel du large est toujours le plus fort ...
Bon voyage Gaëtan !

Lundi



Le soleil nous réveille tôt. Le tarp nous procure quelques mètres carrés d’ombre bienfaisante. La douche avec ce paysage comme décor est un plaisir incomparable. Tout va bien ici.



Nous levons le camp pour rejoindre la côte méditerranéenne vers le sud aux alentours de Licata. Sur la route, nous faisons halte à Piazza Armerina pour une visite du site archéologique de la Villa Romana del Casale qui a mis à jour les traces d’un palais dont la plupart des sols en céramique a pu être retrouvée intact sous une coulée de boue protectrice. On y retrouve beaucoup de motifs géométriques dont des entrelacs, et aussi une étonnante galerie de personnages et d’animaux très expressifs.

Comme déjà constaté plusieurs fois à travers l’île, la pratique de la culture sur brûlis semble encore très courante. Je pense également que le feu intentionnel sert probablement de moyen de débroussaillage, voire même d’élimination des ordures qui traînent parfois dans les fossés… Dans une région aussi sèche en cette période estivale, un défaut de maîtrise de ces feux peut facilement conduire à des incendies de plus grande ampleur. Les patrouilles de surveillance sont omniprésente et bien équipées, mais nous avons pu voir plusieurs incendies en rase campagne. Nous avons même été amenés à demander de l’aide pour appeler les pompiers en découvrant un feu qui démarrait dans des ordures accumulées dans un fossé en zone urbaine.
Après quelques essais, nous parvenons à trouver la piste qui mène jusque sur la plage de Punta Nerra. Même ici, en zone non agricole, la végétation littorale a été touchée par des brûlis de surface. Nous nous installons sur un promontoire à moins de dix mètres de la mer. Nous procèderons aux premiers essais (non concluants pour l’instant) des masques et tubas.

Mardi

Le soleil tape dur au réveil sur cet endroit dégagé. Nous continuons à parcourir la côte vers l’ouest en empruntant les pistes de bord de mer jusqu’à Agrigento où se trouve le fameux site de la Vallée des temples. Là sont concentrées quelques unes des plus belles ruines de temples grecs représentatifs de la période.



Nous sacrifions à la visite obligatoire de ces hauts-lieux historiques malgré la chaleur écrasante du soleil qui nourrira notre potentiel cancer de la peau. Le débardeur que je porte aura parfaitement tenu son rôle d’écran total (en laissant sa marque typique du bronzage dit « agricole »….).
Au sortir de cette visite intéressante, nous prendrons une pizza dans une trattoria basique de bord de route. Comme déjà constaté ailleurs, le patron vient nous prévenir avant de prendre commande que nous ne pourrons pas régler par carte bancaire. Il invente une histoire abracadabrantesque de panne sur le réseau à Rome et Palerme qui empêche d’utiliser temporairement le terminal de paiement, mais nous assure que tout devrait être rétabli dès demain… Tout cela pour n’encaisser que du liquide et probablement tenter d’échapper au système fiscal. Il est très difficile d’utiliser une carte bancaire pour régler des achats, même dans les stations-service et même sur les pompes en self-service qui ne prennent que des billets.

Nous quittons Agrigente rassasiés mais fatigués pour longer la côte vers l’ouest jusqu’à Eraclea Minoa où nous profiterons d’un terrain de camping confortable et idéalement situé sur l’une des plus belles plages de Sicile. Installés à moins de vingt mètres de l’eau, sous les frondaisons d’un bosquet d’eucalyptus, c’est l’endroit rêvé pour les baigneurs.
La chaleur accumulée durant cette chaude journée fut longue à se dissiper avant de pouvoir bénéficier d’un air plus frais pour la nuit.
Après notre première semaine de pérégrinations, nous décidons de prolonger cette halte sur deux nuits afin de se poser un peu sans avoir à courir vers le point suivant.
Farniente obligatoire !

Mercredi

L’ombre procurée par les eucalyptus nous autorise à rester au lit un peu plus longtemps que les jours précédents.



Cette journée "blanche" sera essentiellement consacrée au repos total ainsi qu’à une énorme lessive générale plus que nécessaire après avoir épuisé le stock de vêtements de rechange encore plus limité cette année que d’habitude pour cause de passager supplémentaire.
Baignade nonchalante, lecture assidue, sieste profonde, parties de billard endiablées, autant de façons différentes d’occuper le temps à de bien futiles mais néanmoins fort agréables activités. Accessible uniquement par la mer à la nage, à l’extrémité ouest de la plage, une crique s’adosse à une falaise blanchâtre constituée d’une argile très douce. Les connaisseurs ont coutume de venir s’en oindre, et profiter ainsi de ses prétendus effets positifs sur la peau.