Mercredi 6 Juin
Nous avons bivouaqué sur une esplanade au début de l'ancienne piste qui menait à Anergui, la nuit a été calme et au lever nous voyons les troupeaux de moutons qui montent sur le massif, nous en dénombrerons 6 à 7.
Gérard et Cathy nous rejoindrons vers 8 h 30, eux cette nuit ont entendu des aboiements de chiens et comme le camping est à la sortie du village ils ont entendu le Muezzin.
Nous allons essayer de voir ou d'atteindre l'agadir d'Uchtin qui est un agadir de falaise situé dans l'assif Melloul à une journée de marche après le dernier village Oulghazi en aval d'Imilchil. Dans cette marche on doit traverser plusieurs fois l'Assif Melloul et se mouiller à minima les pieds et les jambes. En faisant des recherches sur Google Earth j'ai remarqué que l'ancienne piste qui menait à Anergui depuis Bou Zemou est en partie parallèle à l'Assif Melloul. La marche d'approche est à peu près équivalente mais sans se mouiller, mais avec un dénivelé de 700 à 800 m. Nous sommes à une altitude voisine de 2800 m. J'ai choisi cette option qui me semble la plus facile. Pour arriver à hauteur de l'Agadir Uchtin nous emprunterons la piste sur 35 km. Cette piste n'est pas trop fréquentée, desservant des villages qui rallient Imilchil, par des raccourcis avec des mulets ou ânes. Nous ne croiserons, ni ne verrons de véhicules.
Les paysages sont somptueux avec des vallées verdoyantes et cultivées. Cette région est encore bien habitée, je ne sais si l'hiver les bergers et leur famille restent à cette altitude car il doit y avoir fréquemment de la neige.
Nous passons un premier col et redescendons dans la vallée, la piste est encore correcte, Gérard n'appréhende pas pour le moment
La piste devient moins fréquentée, elle est en léger dévers, Gérard passera mais il a des difficultés, à deux ou trois kilomètres la piste redescend et présente à nouveau un léger dévers, nous poursuivons en reconnaissance sur quelques centaines de mètres, Gérard s'arrête et ne veut pas poursuivre, Cathy lui propose de prendre le volant, ainsi que moi, mais il angoisse et veut repasser au plus tôt le précédent passage, ils font demi tour, nous, nous poursuivons. Nous sommes à quelques kms du point se situant à hauteur de l'agadir. En descendant la piste est caillouteuse mais pas très chaotique.
Nous atteignons le point que j'avais repéré. Je monte à pied sur le massif en emportant des jumelles pour voir la situation. Un berger garde ses moutons, je lui fais comprendre que je cherche l'agadir d'Uchtin, il me désigne du doigt une falaise au loin, je lui prête les jumelles mais on ne voit que le haut de la falaise, Uchtin est caché par une ligne de crêtes intermédiaires. Je pense aller le voir demain matin et rejoins Jacqueline pour le repas du midi. Finalement vers 14h30 je me décide à aller le voir seul en emportant 3 l d'eau et de quoi manger. Tout à l'heure j'ai aperçu le lit d'un oued à sec qui descend du massif et qui me paraît praticable. Je descends dans une pente assez raide et atteins cet oued qui je suivrai quasiment sur toute mon approche
Le hic est que depuis que je descends cet oued, j'ai perdu de vue la falaise indiquée par le berger, arrivé à quelques centaines de mètres de la vallée de l'Assif Melloul, j'emprunte un sentier qui m'amène face à une falaise, mais ce n'est pas la bonne
En amont de l'assif Melloul
En aval de l'Assif Melloul
Je ne sais si je suis trop en aval ou en trop en amont de l'agadir, finalement je devais être trop en aval.
J'ai économisé mes bouteilles d'eau à la descente, et je commence la remontée. De retour dans l'oued, je m'aperçois que le ciel s'est fortement chargé et qu'un orage menace..., il commence à tomber de la grêle et à pleuvoir, je réussis à atteindre le thuya que l'on aperçoit sur cette photo prise à l'aller et je reste à l'abri pendant plus d'un quart d'heure.
Je téléphone à Jacqueline pour lui indiquer que je me suis arrêté, puis je reçois un SMS de mon opérateur, je n'ai presque plus de crédit de communication. Je vais maintenant échanger par SMS avec Jacqueline. Je lui annonce que la remontée sera dure et certainement longue car je commence à être fatigué avec la marche de 8 à 10 km et l'essoufflement du à l'altitude.Je redémarre la remontée, mon téléphone est dans ma poche, par un appui malencontreux il s'active et appelle Jacqueline, m'en apercevant je raccroche presque aussitôt en disant que c'est une fausse manip que je ne peux parler à cause de mon forfait quasi épuisé. Là, Jacqueline s'inquiète car elle n'a compris la raison de cet appel , et décide de venir me rejoindre, il est environ 19h30. Je poursuis la remontée avec de nombreuses haltes pour récupérer, Jacqueline m'informe qu'elle est sur la crête et cherche par où je suis descendu, je lui explique brièvement par texto. Finalement je l'aperçois au loin qui se détache sur la crête, elle, ne peut me voir, elle descend à ma rencontre. Au bout d'une demie heure je l'aperçois au dessus de moi, elle a failli me dépasser sans me voir au fond de l'oued. Elle récupère mon sac à dos et nous entamons la dernière ascension qui est la plus raide. La nuit tombe et nous montons à la lumière de nos lampes de poche. Arrivés sur la crête un berger alerté par le gardien d'un relais téléphonique tout proche est venu nous montrer le sentier sur le dernier kilomètre. Nous atteignons la voiture, je suis content d'être de retour quand bien même je n'ai pas aperçu l'Agadir d'Uchtin. Je n'ai pas faim et nous nous couchons assez rapidement pour récupérer de cette après-midi, car 14 km de marche et un dénivelé de 700 à 800 m c'est difficile, surtout sans entraînement.