Episode 5 et dernier : Embouteillage à Nega
Tidjikja - passe de Nega – Boumdeid – Oued Taskas (11 au 14 janvier 340 kms)
Nous en étions restés, dans l’épisode 4,
à ces marques mystérieuses…
Mettre un jour et demi pour aller de Tidjikja à la passe de Nega méritait d’être signalé. Certains font ce trajet en deux heures (si, si, on vous les montrera plus loin!). Il faut avouer que nous avons bien « jardiné »… !
C’est d’abord la faute à la météo : deux jours de grand vent ont masqué la piste par endroits, particulièrement dans la zone rocheuse du parcours. D’ordinaire les traces de pneus restent visibles dans le sable entre les pierres et on arrive à se repérer, là elles ont été effacées par le vent.
Les traces fraîches allant vers des campements situés bien à l’écart de notre route sèment le bazar (« Tiens, on contourne ce massif, c’est certainement un nouveau tracé » entend-on à bord…). Les nomades nous remettent dans la bonne direction. Mais impossible, sur ces roches, de suivre les pistes qu’ils empruntent avec leurs chameaux. Donc retour en arrière à plusieurs reprises.
Et le GPS dans tout ça ? Nous disposions de traces beaucoup trop « allégées ». Les points, en nombre insuffisant, ne permettent pas de corriger rapidement une erreur de navigation. D’où l’intensité du jardinage.
Avec ce retard, nous avons dû bivouaquer bien avant la passe. Mais cette perte de temps s’est finalement avérée bénéfique en nous permettant de découvrir cet abri sous roche …
…avec ces peintures, modestes certes et probablement pas très anciennes, mais qui nous appartiennent un peu désormais.
Le lendemain, bivouac à la passe de Nega …
…et au petit matin nous sommes prêts à plonger dans la passe.
Petit puits au milieu de la descente.
Nous étions en train d’admirer paisiblement cette « reculée » …
… quand, brutalement, ce ne fut que bruit et fureur…
… les premiers motards de l’Africa Eco Race, rallye dont nous ignorions la présence dans le Tagant avant la rencontre avec le commandant de gendarmerie de Tidjikja, arrivaient : à peine plus de deux heures pour parcourir 130 kms depuis Tidjikja ! Les traits de peinture, vus la veille, signalaient aux participants le passage brutal d’une piste rapide à un cheminement entre les roches.
Le retard pris hier nous a donc permis de rencontrer ceux-ci dans un des lieux mythiques du rallye Paris Dakar.
Mais maintenant que faire ? Nous devons franchir un cordon dunaire et nous craignons que les engins de toutes sortes, et plus particulièrement les camions, ne nous compliquent la tâche en nous massacrant les passages.
Perturbés par les participants que l’on voit grossir avec une inquiétante rapidité dans nos rétros, nous devons ralentir …et nous arrivons trop tard aux passages critiques. Le mal est fait : embouteillage à la passe de Nega ! Nous nous mettons là où nous pouvons…
… avec la désagréable impression de gêner les rallymen…
… alors que de toute évidence, c’est le contraire ! le Def est planté là, à quelques centimètres du sommet de la dune (c’est classique). Nous n’osons pas aller le tirer avec le G, les organisateurs nous annonçant l’arrivée des camions ! Les plaques feront l’affaire.
Dans ce coin de désert, la piste, ou plutôt ce qu’il en reste, est décidément bien encombrée :
hélicos …
…motards en détresse.
Nous stoppons les machines, l’heure sacrée du repas ayant sonné. Terminé le stress, nous savourons le calme. Le rugissement des derniers camions s’estompe, bientôt ce sera le silence tant apprécié du désert.
Après la passe nous rejoignons Boumdeid. Notre intention était de remonter l’oued Taskass jusqu’au Dahr Ousenn pour trouver un accès au plateau (voir le poste de Ed et Nat rubrique préparation « la Mauritanie »). Finalement nous abandonnons ce projet : nous suivons partiellement les traces du rallye et revenons au rocher de Boumdeid.
Voici quelques photos du Hodh Ech Chargui constitué en partie de grandes dunes stabilisées. La monotonie du paysage est rompue par d’insolites troupeaux de vaches : est-on vraiment dans le désert ?
Malgré l’invitation… pas question de monter là-dessus ! Et encore ne voit-on pas la longue et rouge langue du dromadaire. Quand il la sort sur le côté, et qu’il la tortille, elle lui donne une tête d’alien … (ceci dit c’est quand même un animal fabuleux et respectable).
De l’art de monter avec élégance sur un dromadaire au blatèrement apocalyptique.
C’est sûr, une fois la manœuvre réussie, quelle fière allure !
Nous arrivons au puits très actif de Gréïfif situé près de l’oued Taskass.
Entre nomades, on se reconnait tout de suite.
Nombreux troupeaux : dromadaires, vaches, chèvres, ânes. L’abreuvement se fait dans un calme surprenant selon une organisation qui nous échappe totalement.
Comme partout il y a bien quelques resquilleurs.
L’eau, à 20 m de profondeur, est puisée avec l’aide d’un dromadaire.
A partir de Boumdeid nous prenons le cap retour : Nouakchott, le Banc d’Arguin. Puis ce sera le Maroc avec notamment la recherche de fossiles vers Sidi Ali, la visite du « cratère » du Gara Médouar et une traversée Ouest Est, par le milieu, de l’erg Chégaga (bientôt un des rares endroits non goudronné du pays … qui, espérons-le, échappera au tourisme de masse mal contrôlé de l’erg Chebbi vers Merzouga) .
Le 6 mars retour à la maison. Nous avons parcouru 11 500 km (plus quelques milles marins avec la traversée AR Sète-TangerMed) et échappé au blocage des véhicules occasionné par le Covid 19. Une pensée pour nos camarades Casa trotteurs coincés encore ici et là…