Jeudi 20 Août :
Température fraîche ce matin, on se croirait un peu à Brest au mois d'Août

, les nuages font la queue pour passer au dessus de la montagne.
Route plein Nord le long de la rivière. De nombreux ponts de singe enjambe la rivière pour desservir les village de la rive opposée. J'ai l'impression d'être dans la France campagnarde de mes grands-parents : meules de foin à l'ancienne, paysans faisant pâturer leur unique vache sur le bord des routes, charrettes tirés par un âne ou un cheval. Nous retrouvons l'Albanie telle que nous l'avions quitté en 2009, avec son ambiance si particulière (qui me fait penser aux années 50 en France, mais comme je n'ai pas connu cette époque, je ne sais pas si j'ai raison de penser ça...

).
Par contre, un constat s'impose : s'il y a toujours des routes défoncées et des gomisteri (garage réparateur de pneus, l'affaire qui tourne dans ce pays), en revanche, on ne voit pas les poubelles partout comme en 2009... attendons de voir la côte et sa société de consommation pour nous réjouir...
10h. Nous sommes à Permet. Aux meules de foin dans les champs viennent s'ajouter la culture du maïs et de la vigne. Sur la route, de plus en plus de piétons, des chevaux transportant du foin, des ânes, et toujours aussi peu de voitures.
Les montagnes alentours s’aplanissent et se font moins verte, il y a comme un air de Provence.
Kelcyrë. Nous profitons des distributeurs pour retirer 30 000 leks, nous voilà avec une bonne liasse de billets, heureusement qu'on ne reste pas 15 jours, il aurait fallu une valisette pour ranger tout ça !
Ambiance décontractée dans cette petite ville de Province, échoppes colorées, étalages sur la rue, c'est jour de marché. Les jeunes prennent le café en terrasse, les chauffeurs de taxi en béret et chemise blanche bien propre discutent, on dirait mon grand-père sur les photos quand il était jeune... Et nous, on est bien ici, heureux de retrouver l'Albanie qu'on avait qu'entre-aperçu en 2009 faute de temps pour se poser.
Le soleil est de retour.
A partir de Tepelena, la route se fait plus large et en meilleur état, il y a aussi plus de voitures.
Visite de Gyrokastra. La vieille vaut le détour, certains bâtiments s'écroulent. Tout en haut de la colline, la citadelle domine une immense vallée.

Repas local : byrek à la viande, aux épinards et au fromage. En dessert, on s'offre une petite glace au goût... disons... prononcé ! "elle est pas bonne ma glace !" "ah bon ?" "non, elle est moisie je crois"

"doooonnne, j'vais me dévouer pour la manger moi", et voilà comment s'enfiler 4 délicieuses glaces à l'italienne au lait de... brebis, hi, hi ! on les a bien eu les ados !

Route vers Saranda. Arrêt à Siri i kalter (l'oeil bleu), une résurgence à la couleur vert-bleu, où nous étions déjà venu sous une chaleur écrasante en 2009. De toute évidence, l'Albanie est devenue une destination prisé des italiens, on en voit partout depuis Girokastra.

Un couple de français m'aborde et me dit : "ouh là là, vous avez un fort accent de Rennes !". scotchée par la remarque

, je leur demande comment ils sont capable de reconnaître un accent Rennais ?!?

ils me font marcher 2 minutes en me disant qu'ils sont nantais et qu'ils reconnaissent sans problème l'accent Rennais, puis finissent par m'avouer qu'ils se sont garé avec leur def110 à côté de notre def130, aaaah d'accord, bande de ptit comique !
Baignade rafraichissante à l'oeil bleu.
Nous continuons vers Saranda, et remontons Nord le long de la côte à la recherche d'un bivouac pied dans l'eau.
Nous prenons l'embranchement pour Kakome, baie quasi entièrement fermée où le club med aurait élu domicile. Arrivée sur place, des travaux ont bien eu lieu, mais ont été stoppé net en 2013 par le nouveau 1er ministre très à cheval sur les constructions littorales

. On distingue un plan bien ordonnée autour de 2 gros rond-points et quelques constructions qui s'étalent face à une sublime baie aux eaux turquoises, bah dis, ils ont pas choisi le coin le plus moche !!

Un portail ferme l'accès à l'ensemble, il y a pourtant des voitures en bas sur la plage et quelques baigneurs... Nous tentons une piste côté Nord de la Baie, après quelques centaines de mètres, nous tombons nez à nez avec... les nantais en def 110 ! ils rebroussent chemin car la piste n'emmène pas plus loin que le monastère à l'abandon.
Je suis partante pour nous faire ouvrir le portail moyennant finance au gardien, mais le gardien n'y est plus...

Nous tentons donc une percée par le Sud. Superbe descente à pic sur la mer et vue sur la côte.

Nous passons un portail ouvert ("bon bah visiblement le Club nous invite pour la nuit, cool, j'adore les buffets à volonté !"

). Nous voilà sur la plage, bien content de nous, et ravi de pouvoir envisager un bivouac dans un coin aussi sublime !
Mais je sais pas pourquoi je le sens moyen c't'affaire...

je questionne les quelques baigneurs qui m'informe avoir payé 7 leks par voiture au gardien là-haut. Et mon intuition se confirme, un vigil passablement stress nous indiqu'ici c'est "Private" et qu'il faut partir, sinon "Police"

. On comprend grâce à un autre baigneur qu'en gros, ils se font leur ptit beurre comme ça, mais que demain, c'est la relève, et que leurs collègues (qui font surement pareil d'ailleurs...) ne doivent pas être informé de leur combine

, ah ouaiiiiiis, bande de ptits joueurs ! voyant qu'on traîne et que la négo s'éternise, il nous menace en prétendant qu'on a forcé le portail côté sud. bon, lâche l'affaire Roger ! le Môsieur n'est pas dans son assiette. on décolle suivi par les Nantais. Au portail principal, son collègue nous fait la leçon, expliquant qu'on devrait nous menoter "toi et toi" en nous montrant du doigt, et qu'on devrait allez en prison

, et que c'est moche avec un enfant en bas âge (en montrant du doigt le plus petit des 5). ouh là là, on va essayer d'avoir très très très peur Monsieur

, mais avec ton air de papy gateu, ça va pas être facile, attends on se concentre là. bon allez c'est bon tu as gagné, on s'en va, de toute façon, on n'aime pas ça les vacances au club.
Il a l'air tellement soulagé de nous voir partir Papy Gateu... En tout cas, si vous voulez aller piquer une tête à Kakome, sachez que c'est possible moyennant 7 leks la journée (mais pas la nuit, hein, compris ?

). Vous ferez une bise à Papy Gateu de not' part.
Toujours en compagnie des Nantais, on a fini par dégoter une ptite plage juste avant Lukove, tourner au 39,988°N 19,915°E, et prendre la 1ère piste sur la droite, après un longue descente en lacet au milieu des oliviers, vous avez le choix entre une plage à droite ou une plage à gauche. côté droit, le jeune proprio d'une petite payotte croquignolette nous permet de nous installer pour 1000 leks/voitures. Petit coin de verdures ombragé par des oliviers, café frappé les pied dans l'eau, y'a même la douche et les ptits lampions pour la soirée. ça fait ptit coin de paradis, le club med peut aller se rhabiller, tiens !
Vendredi 21 Août :
Petite balade le long de la plage. la plage suivante semble elle aussi accessible par une des pistes secondaire de notre piste... et y'a un ptit terre plein en bas pour stationner.

Nous discutons avec un albanais. il nous explique que les tours opérators ne viennent pas ici car le seul aéroport (Tirana) est détenu par un proprio ayant signé un monopole. Les projets d'aéroport de Saranda et Shkodra sont donc bloqué. Seule solution low cost : Corfou ! et les Albanais de Tirana payent donc leur billets d'avion une petite fortune car peu de concurrence.
Passé Lukove, descente sur la plage de Bunec Beach (40,006°N 19,904°E) où nous constatons que le camping fonctionne toujours. Les vaches se dorent au soleil sur le jetée massive en béton qui servait au navire d'Enver Oxha. Il y a sans doute un bon bivouac possible hors saison sur ce petit front de mer.

Nous passons au dessus de la plage de Borsh, repère à CC. De nombreux coins à bivouac dans la baie de Porto Palermo où se trouve le fort d'Ali Pacha et la base sous-marine creusé en tunnel d'1 km qui relie 2 baie à travers la montagne, mais malheureusement toujours pas visitable...

Himara. arrêt course. Le boucher me dit "France ?" "Ah, Lepen, Sarkozy". Ah bah me vlà bien...

j'hésite à dévier le sujet en évoquant mon unique culture footballistique : Zidane, mais repensant au coup de boule sur un italien (d'origine albanaise ?!?), je me ravise. Je choisis de plaider coupable et de prendre mon air de chien battu

. ça marche ! il a soudain pitié de moi et m'apprend alors l'Albanais : "pêsse" en faisant 5 avec sa main, "falerim derit", "miroupafchim", c'est bon, j'suis callé question Albanais et j'me suis fait un pote !
Ptit coup d'oeil à Osmand, "y'a une piste là". Une bien jolie descente sur une piste disons "rocheteuse" jusqu'à une minuscule plage paradisiaque entre Himara et Jal.

A Jal, les italiens ont pris possession du coin, musique branchée, bar-club, etc, "bah dis, ça a quand même bien changé en 6 ans la côte sud Albanaise" !
Et voilà, le moment tant attendu est arrivé, nous voilà à l'entrée de la piste de Gjippe. C'est bizarre comme d'un coup, on a le cœur serré, la crainte d'être déçu, de ne pas retrouver le ptit coin de paradis de 2009, tellement de souvenirs sur cette plage ! Allez, on se lance, cette fois, la descente avec une cellule basse se fait les doigts dans la nez.

Mais arrivé en bas, PA-TA-TRA !!

Parasols, transats, baraques à frites, kayaks de loc', hors-bord, quad aventure, ouh là là, elle a bien changé notre ptite plage du bout du monde !! bon, le site est toujours aussi beau bien sur, c'est juste que ce n'est plus une petite plage secrète. Au vu des kilomètres précédents, on s'y attendait un peu, tant mieux pour les Albanais (enfin, s'ils en profitent car ça reste à voir), tant pis pour nous. Le littoral reste quoi qu'il en soit préservé de la bétonisation massive pour l'instant.

Un autre constat s'impose : c'est propre ! depuis notre entrée en Albanie, pas constaté de poubelles partout comme en 2009. Désormais, les déchets sont concentrés dans des décharges où ils brulent à l'air libre, bon, c'est pas encore ça pour la palme d'or de l'environnement, mais c'est déjà mieux qu'en 2009.
Bivouac sur l'arrière de la plage. la plage se vide, reste quelques campeurs français, de jeunes albanais et des 4x4 autrichiens. Soirée feu de camp-grillades. Nous voilà rabiboché avec Gjippe.
